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geert mak - Page 2

  • Voyage dans le XXe

    Il y a des années que j’avais noté le nom de Geert Mak pour son Voyage d’un Européen à travers le XXe siècle (2004, traduit du néerlandais par Bertrand Abraham, 2007). Une lecture qui prendra du temps, le livre compte un millier de pages. Je n’en suis qu’au prologue et déjà le ton du journaliste et écrivain néerlandais me captive. Il y aura de la matière pour plusieurs billets.

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    Geert Mak présente sur le site de l’éditeur l’esprit dans lequel il s’est engagé en 1999 dans son périple d’un an à travers l’Europe, pour un « dernier état des lieux, en quelque sorte : où en était le continent en cette fin de XXe siècle ? » Vous en trouverez une présentation générale et enthousiaste sur le blog A sauts et à gambades.

    Pour ma part, je voudrais en partager de larges extraits, en commençant par l’épigraphe très significative : « Un homme se propose de dresser la carte du monde. Au fil des ans, il peuple un espace d’images, de provinces, de royaumes, de montagnes, de baies, de bateaux, d’îles, de poissons, de pièces, d’outils, de chevaux et de gens. Peu avant sa mort, il découvre que le patient labyrinthe de lignes trace l’image de son propre  visage. » Elle est d’un Argentin, Jorge Luis Borges, qui a vécu et voyagé en Europe à différentes périodes de sa vie.

    Et voici le début du prologue, où les énumérations de Geert Mak à propos d’un village hongrois lui font écho. « Personne au village n’avait jamais vu la mer, excepté les Hollandais, le maire, et Jószef Puszka qui était allé à la guerre. Aux maisons qui bordaient un mince ruisseau s’ajoutaient quelques fermes jaunies et délabrées, des jardins verdoyants, des pommiers aux couleurs éclatantes, deux petites églises, de vieux saules et de vieux chênes, des barrières en bois, des poulets, des chiens, des enfants, des Hongrois, des Souabes et des gitans.

    Les cigognes étaient déjà parties. Leurs nids se dressaient sur les cheminées, vides et silencieux. L’été jetait ses derniers feux, le maire, en sueur, fauchait l’herbe communale. Aucun bruit de moteur ne se faisait entendre ; rien que des voix ; un chien, un coq, des oies en train de traverser ; sur la route, les grincements d’une charrette à chevaux ; la faux du maire. Plus tard dans l’après-midi furent allumés les fours ; un léger voile de fumée bleue s’étendit sur les toits. De temps à autre un porc poussait des cris perçants. »